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MarkovĂ· (Ivana). Langage et communication
en psychologie sociale : dialoguer dans les focus groups, Bulletin de psychologie, Tome 57 (3), N°471, 2004, p. 231-236.
Contrairement Ă dâÂautres mĂ©thodes de
recherche comme les questionnaires, les entretiens individuels, les enquĂȘtes
etc., qui sont détachées de la communication quotidienne,
les focus groups sont une méthode de recherche fondée sur
la communication de groupe. Les focus groups permettent de développer
des mĂ©thodes de recherche qui sâarticulent aux dynamiques
de la communication, du langage et de la pensée. Dans les focus
groups, les participants confrontent leurs idées, polémiquent
de maniĂšre ouverte ou cachĂ©e, dialoguent avec eux-mĂȘmes
ou les uns avec les autres. En tant que méthode de recherche, les
focus groups peuvent nous donner accĂšs Ă la formation et
aux transformations des représentations sociales, des croyances,
des connaissances et des idéologies circulant dans les sociétés.
Les articles réunis dans ce numéro étudient les focus
groups dans des perspectives dialogiques et mettent tous en Ă©vidence
la polyphasie et LâhĂ©tĂ©roglossie de la pensĂ©e
et de la communication. La plupart des auteurs mettent Lâaccent
sur Lâusage des focus groups dans le cadre de recherches sur les
représentations sociales, tout en reconnaissant la pertinence de
cette méthode pour la psychologie sociale en général.
Kitzinger (Jenny), MarkovĂ· (Ivana), Kalampalikis (Nikos).
quâÂest-ce que les focus groups ?, Bulletin de psychologie,
Tome 57 (3), N°471, 2004, p. 237-243.
Cet article définit dans un premier temps les focus
groups et explique leurs principes, ainsi que Lâhistoire qui sous-tend
leur utilisation. Les liens existant entre les focus groups et la théorie
psychosociologique des représentations sociales sont soulignés.
Sont discutées, dans un second temps, les questions de recueil
et de conduite de tels groupes ainsi que les questions conceptuelles,
pratiques et éthiques impliquées par de telles recherches.
Enfin, cet article permet de considĂ©rer Lâensemble des conceptions
et dĂ©marches possibles pour Lâanalyse et prĂ©sente
les différents articles de ce numéro.
Jovchelovitch (Sandra). Contextualiser les focus
groups : comprendre les groupes et les cultures dans la recherche sur
les représentations, Bulletin de psychologie, Tome 57
(3), N°471, 2004, p. 245-252.
Cet article porte sur Lâusage des focus groups dans
la recherche sur les représentations sociales. Je situe cet usage
dans un cadre conceptuel tenant compte de la maniÚre dont les représentations
et les groupes sont liés par des cultures et des interactions communicationnelles.
Me fondant sur la psychologie de la vie de groupe, je mets en Ă©vidence
trois dimensions qui participent de la formation des groupes et soulignent
LâinterdĂ©pendance des reprĂ©sentations et des stratĂ©gies
communicationnelles. Je considĂšre trois composantes essentielles
de tout groupe : la triade self-autrui-observateur, les pratiques dialogiques
qui ont lieu au sein du groupe, ainsi que la multiplicité du groupe.
En analysant ces trois aspects et en comprenant leurs variations en fonction
des contextes et des cultures, il est possible dâÂaller au-delĂ
de LâidĂ©e que les groupes ont pour seule fonction de produire
du dĂ©bat et de Lâargumentation. Les attentes habituelles
des chercheurs au sujet du fonctionnement des focus groups peuvent alors
ĂȘtre remises en question : argumenter au sujet dâÂun thĂšme
central ne va pas de soi dans toutes les cultures. En conséquence,
plutĂŽt que dâÂadmettre que les groupes dans lesquels les participants
ne discutent pas dâÂun thĂšme donnĂ© selon les attentes
du chercheur sont des groupes qui ne marchent pas , je
propose de questionner la nature des sphÚres sociales impliquées
dans une recherche, ainsi que la maniĂšre dont la culture modĂšle
le dialogue et Lâargumentation. InsĂ©rer les pratiques groupales
dans un contexte permet de comprendre pourquoi des groupes ne
marchent pas comme prévu. Cela constitue, par ailleurs,
un outil important pour les chercheurs : Lâanalyse de sens/signification
est complĂ©tĂ©e par Lâanalyse des phĂ©nomĂšnes
opérant au niveau groupal. Des recherches sur les représentations
sociales menées au Guatemala, au Brésil et en Angleterre
offrent des illustrations empiriques à cet argument théorique.
Wibeck (Victoria), Adelsw°rd (Viveka), Linell (Per).
Comprendre la complexité : les focus groups comme espace de pensée
et dâÂargumentation sur les aliments gĂ©nĂ©tiquement
modifiés, Bulletin de psychologie, Tome 57 (3), N°471,
2004, p. 253-261.
Dans cet article nous discutons des focus groups en tant
que mĂ©thode dâÂexploration des reprĂ©sentations sociales.
Notre étude porte sur les aliments, ou organismes, génétiquement
modifiés (OGM). Les données de onze focus groups, organisés
en SuÚde, ont étés soumises à une analyse
de contenu thématique. Sont retenus les deux procédés
rhétoriques utilisés par les participants. Pour comprendre
le sujet nouveau, complexe et qui présente plusieurs facettes,
les participants utilisent différentes analogies et distinctions.
Souvent, les analogies et les distinctions se trouvent dans des séquences
ou cycles. Lâautre ressource argumentative discutĂ©e dans
cet article est Lâemploi de citations hypothĂ©tiques. Les
participants utilisent les voix dâÂautres acteurs, souvent des acteurs
collectifs (participants virtuels), ce qui rend compte de la polyvocalité
(intĂ©rĂȘts et points de vue diffĂ©rents) des reprĂ©sentations
sociales.
Salazar Orvig (Anne), Grossen (MichĂšle).
Représentations sociales et analyse de discours produit dans des
focus groups : un point de vue dialogique, Bulletin de psychologie,
Tome 57 (3), N°471, 2004, p. 263-272.
Plaçant les sujets dans des conditions de production
de discours proches des conversations quotidiennes, la méthode
des focus groups est a priori intĂ©ressante pour LâĂ©tude
des reprĂ©sentations sociales. Toutefois, dans le cadre dâÂune
conception dialogique du langage et de la cognition, cette Ă©tude
suppose non seulement de relever des contenus mais, aussi et surtout,
de sâappuyer sur LâactivitĂ© discursive des locuteurs.
DĂšs lors, Lâanalyse du matĂ©riau recueilli porte sur
les différents aspects de la matérialité discursive.
Les analyses effectuées, dans ce cadre théorique et méthodologique,
montrent que les sujets opÚrent une importante activité
de cadrage pour donner du sens Ă la situation de recherche et aux
problÚmes qui leur sont posés et que, selon ce cadrage et
le travail interactif, les rĂ©ponses des sujets varient Ă
LâintĂ©rieur dâÂun problĂšme, mais aussi dâÂun
problĂšme Ă Lâautre. On constate en outre que, dans
leur discours, les sujets adoptent différentes positions énonciatives
et expriment différentes voix. Cette hétérogénéité
des positions Ă©nonciatives et des voix nâest pas un signe
dâÂinstabilitĂ© (ou dâÂinconsistance) du sujet, mais montre
la dimension fondamentalement dialogique de la construction et LâĂ©laboration
des représentations. Elle pose aussi des questions théoriques
et méthodologiques fondamentales.
Orfali (Birgitta). Typologie des focus groups Ă
partir dâÂun dilemme sur le SIDA : le rĂŽle du compĂšre
spontané , Bulletin de psychologie, Tome 57 (3),
N°471, 2004, p. 273-279.
A partir dâÂun dilemme proposant la levĂ©e
éventuelle de la confidentialité dans le cas du SIDA, la
dynamique interne des focus groups est analysĂ©e, notamment Ă
travers des formules de discussion précises (questions/réponses,
phrases se complétant) et des conclusions différenciées.
La prĂ©sence dâÂun compĂšre spontanĂ©
permet de proposer une typologie des focus groups indiquant quâÂune
psychologie de Lâinfluence sociale est Ă Lâoeuvre
dans ces groupes, comme dans les groupes réels. Les représentations
sociales du SIDA sont articulĂ©es Ă LâidĂ©e de
contamination éventuelle par la seule sexualité tandis que
des éléments restent occultés (notamment la transfusion
ou la toxicomanie). Lâimportance des effets positionnels est ainsi
mise en relief puisque les focus groups sont composés de jeunes
adultes au début de leur vie sexuelle. Ainsi, la notion de fidélité
dans le couple apparaĂźt comme palliatif principal dans la lutte
contre le SIDA et annule, en quelque sorte, le dilemme comme la nécessité
dâÂune prise de dĂ©cision.
Kalampalikis (Nikos). Les focus groups, lieux dâÂancrages,
Bulletin de psychologie, Tome 57 (3), N°471, 2004, p. 281-289.
Les focus groups sont des espaces de communication qui
nous permettent dâÂobserver des interactions, des souvenirs et des
reprĂ©sentations en cours dâÂĂ©laboration. Ils correspondent
aux exigences méthodologiques de deux champs de recherche qui ont
une filiation épistémologique forte, les représentations
et la mĂ©moire sociales. Notre article sâinscrit dans cette
problématique et met en évidence la fécondité
de cette articulation à travers une étude de terrain centrée
sur un conflit symbolique dans les Balkans entre la GrĂšce et la
RĂ©publique de MacĂ©doine. Lâaffaire macĂ©donienne
met en jeu Lâhistoire, la mĂ©moire et les exigences
conventionnelles du présent dans un processus de défense
des significations imaginaires nationales.
Collins (Sarah), Markov÷ (Ivana). Les énoncés
collaboratifs : une nouvelle mĂ©thode dans LâĂ©tude
des focus groups, Bulletin de psychologie, Tome 57 (3), N°471,
2004, p. 291-298.
Dans cet article les auteurs sâinterrogent sur Lâutilisation
de Lâanalyse conversationnelle dans LâĂ©tude des focus
groups. De plus, elles veulent employer, conjointement, cette méthode
et la thĂ©orie des reprĂ©sentations sociales afin dâÂexplorer
les processus de savoir partagé, la pensée dans les dialogues
et les interactions sociales. Les auteurs cernent, tout dâÂabord,
diffĂ©rents types dâÂĂ©noncĂ©s collaboratifs. Ensuite,
elles analysent des énoncés collaboratifs de deux types.
Dans le premier type, ces énoncés renvoient aux perspectives
communes sur le sujet en question. Sâils sont soulignĂ©s par
un signe ou syntaxiquement, câÂest dans le but de renchĂ©rir
sur Lâaccord avec celui qui a Ă©noncĂ© la phrase en
premier. Dans le second type, les complĂštements expriment soit
un désaccord soit la volonté de tester les limites du désaccord.
Les auteurs suggĂšrent que Lâanalyse conversationnelle des
énoncés collaboratifs sert à explorer les représentations
sociales, surtout dans la phase initiale dâÂune recherche, lorsque
le chercheur tente dâÂĂ©laborer les hypothĂšses pertinentes
quâÂil veut formuler.
Kitzinger (Jenny). Le sable dans Lâhuitre
: analyser des discussions de focus group, Bulletin de psychologie,
Tome 57 (3), N°471, 2004, p. 299-307.
Cet article met en Ă©vidence Lâanalyse dâÂinteractions
spĂ©cifiques Ă LâintĂ©rieur de focus groups et
souligne leur pertinence dans ce type de données. Il explore de
nombreuses questions. Comment les sujets sâadressent-ils les uns
aux autres et comment expriment-ils, défendent-ils et élaborent-ils
leurs identités ? Quelles anecdotes et quelles analogies sont utilisées
et comment fonctionnent-elles ? Quelle est la valeur d'Ă©change
de diffĂ©rents faits , dâÂexpressions ou dâÂhistoires
? Comment les sujets intĂšgrent-ils une nouvelle information ou
une expérience ? Cet article souligne que les chercheurs utilisant
la technique des focus groups sâintĂ©ressent Ă©galement
Ă la nature du langage et aux actes de communication, ainsi quâÂĂ
leur contexte dâÂĂ©nonciation. Une dimension-clef de cette
analyse est la nĂ©gociation du consensus et du conflit. Lâauteur
utilise ses propres recherches et reprend six exemples d'analyse de l'interaction
dans des focus groups.
autres travaux
Gaillard (Richard). Pratiques de tutelle et pratiques
de soin : ambiguĂâtĂ©s du rapport Ă Lâargent, Bulletin
de psychologie, Tome 57 (3), N°471, 2004, p. 309-315.
AprÚs avoir rappelé ce que sont les tutelles,
les populations concernées par ces dispositifs et leurs points
de contact avec les pratiques de la santé mentale, nous montrons
quâÂune absence de prise en compte des processus psychiques liĂ©s
Ă Lâargent et Ă la psychose entraĂźne, chez les
tuteurs, une gestion seulement rationnelle des budgets qui deviennent,
alors, pour ces professionnels, des garde-fou . Les significations
psychiques associĂ©es Ă Lâargent interrogent, ainsi,
une gestion uniquement rationnelle de celui-ci par les tuteurs et posent
la question de la collaboration avec les soignants. LâhypothĂšse
de la psychose et les implications de sa prise en charge soulignent, dâÂune
autre façon, les enjeux dâÂune collaboration entre tuteurs
et soignants, et permettent de conclure sur la nécessité
de repenser cette collaboration.
Agnoletti (Marie-France), Defferrard (Jacky). Schéma
de genre et script interlocutoire dans une rencontre galante, Bulletin
de psychologie, Tome 57 (3), N°471, 2004, p. 317-328.
Nous nous proposons de montrer quâÂune rencontre galante
suit un script interlocutoire dont Lâactivation varie selon le genre
du locuteur qui engage LâĂ©change et le degrĂ© de force
illocutoire. La méthode des vignettes est utilisée. On présente
à des sujets, de sexe masculin et féminin, une situation
de premiÚre rencontre impliquant un garçon et une fille
et on leur demande de compléter un enchaßnement interlocutoire
initiĂ© par Lâun ou Lâautre des sujets. Les rĂ©sultats
montrent que les sujets se rĂ©fĂšrent aux mĂȘmes scripts
interlocutoires mais le script interlocutoire de Lâaboutissement
dâÂune rencontre galante suit un modĂšle dĂ©fini par
les sujets de sexe masculin qui prend en compte le degré de puissance
de la force illocutoire. Les résultats sont discutés au
regard du stéréotype de rÎle et de la place énonciative.
actualité de la psychologie
Ă travers les livres Ă travers les revues
résumés des articles